La paix en Aceh

Publié le par Gaetrach

Aceh en Indonésie: la paix signée à l'épreuve des faits

Dépêche AFP du 17 juillet 2005.

 

Le gouvernement indonésien et les rebelles d'Aceh sont parvenus à un accord pour ramener la paix dans cette province indonésienne après trois décennies d'un conflit qui a fait près de 15.000 morts, mais de nombreux obstacles demeurent sur le terrain.

"La paix sera faite", a déclaré le ministre indonésien de la Justice et des droits de l'Homme, Hamid Awaluddin, lors d'une conférence de presse peu après que les belligérants eurent paraphé le texte.

Aucun détail de l'accord n'a été rendu public mais un communiqué conjoint précise qu'il règle la gouvernance de la province d'Aceh, notamment la participation politique des rebelles, les questions des droits de l'Homme, l'amnistie et la réintégration des rebelles dans la société, les problèmes de sécurité et les différents territoriaux.

"La grande différence entre cet accord et ce qui s'est produit dans le passé réside dans le fait que l'Indonésie n'insiste plus sur l'autonomie et que de notre côté nous ne revendiquons plus l'indépendance", a assuré Nur Djuli, négociateur du Mouvement Aceh Merdeka (Aceh libre, GAM).

Plusieurs tentatives de médiation ont échoué depuis 2000 et les belligérants avaient rompu tout contact en 2003 avec le lancement par l'armée indonésienne d'une offensive contre le GAM.

Le dialogue a été renoué après le tsunami du 26 décembre qui a fait quelque 131.000 victimes dans la seule province d'Aceh.

L'accord sera solennellement signé à Helsinki le 15 août - deux jours avant le 60ème anniversaire de l'indépendance de l'Indonésie - par MM. Awaluddin et Malik Mahmud, Premier ministre du gouvernement d'Aceh en exil à Stockholm.

M. Martti Ahtisaari, l'ex-président finlandais qui dirige le CMI (Crisis management initiative) qui a organisé les négociations, a souligné que tous les combats devront avoir cessé à cette date.

"Toutes les hostilités doivent cesser", a-t-il insisté en appelant les deux parties à tout faire pour qu'il en aille ainsi alors que des affrontements se poursuivent à Aceh, bastion musulman de 4,5 millions d'habitants (avant le tsunami) à la pointe nord de l'île de Sumatra.

Selon le GAM, le sort de ce traité dépendra de la capacité des deux parties à faire respecter le cessez-le-feu. Les rebelles ont monnayé le désarmement de leurs troupes contre le retrait d'une grande partie de l'armée indonésienne.

"Cet accord est un acte de foi (...). Mais cet acte de foi ne va pas sans risques et c'est pourquoi nous exigeons du gouvernement indonésien qu'il exerce toute son autorité sur l'armée", a insisté le GAM dans un communiqué séparé.

Ce nouveau cycle de pourparlers - le cinquième depuis janvier - était considéré comme celui de la dernière chance. Les quatre premiers tours de table n'avaient pas donné les résultats escomptés, suscitant à Jakarta l'impatience des opposants - nombreux dans les rangs de l'armée - au dialogue avec les rebelles.

Ratifié par le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono, le texte devra résister aux attaques des forces conservatrices alors qu'il ouvre la voie à la traduction en justice des militaires soupçonnés de crimes sur les populations civiles.

Les deux parties ont proposé la création d'une mission de surveillance de la mise en place de cet accord qui serait dirigée par l'Union Européenne et un certain nombre d'Etats asiatiques.

Interrogé sur l'éventuel retour en Indonésie des dirigeants historiques de la rébellion, et en particulier de son chef Hasan di Tiro, contraint à l'exil en 1979, M. Djuli a répondu: "Selon les termes de l'accord, il n'existera plus de distinction entre membres du GAM et non-membres et tous ceux qui souhaiteront revenir reviendront".

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